Samedi 10 et dimanche 11 août, Ghisoni a vécu au rythme de l’histoire et de la culture. Au coeur de son église Santa-Mariaprès de soixante personnes se sont rassemblées pour une conférence archéologique et historique organisée par l’association L’histoire est le patrimoine de Ghisoni. « Les jeunes ne sacrifient pas leur rivière, mais passé la quarantaine, il y a cette volonté de discuter, découvrir et de se plonger dans l’histoire de ce village »a observé Jean-Baptiste Casanova, animateur de la conférence et écrivain originaire de Ghisoni : « Les gens sont au rendez-vous. »

En plein mois d’août, où la diaspora revient en masse, c’est l’occasion pour beaucoup de redécouvrir son patrimoine ».

Dès 16 h 30, le bâtiment, d’ordinaire dédié aux célébrations religieuses, a été transformé en salle des fêtes pour accueillir dans un premier temps la présentation du livre Ghisoni pendentif la Seconde Guerre mondiale. Une première plongée dans l’histoire du village avant de s’immiscer au temps du Moyen-Âge avec une exploration archéologique et historique de l’église romane San Ghjuvanni de Pieve. Un après-midi sur le ton de la nostalgie ou de la découverte pour tous les habitants : « Sur un eu le Sentier de l’Oriente il y a quelques jours, maintenant cette conférence, c’est bien, ça ramène de la vie au village »affirme une habitante. Comme l’explique Jean-Baptiste Casanova, cette présentation s’inscrit dans la continuité des animations précédentes : « Un esprit sain dans un corps sain. »

Une histoire effacée des mémoires

À l’image de son petit hameau de Pieve située à proximité de Ghisoni, autrefois peuplé, l’église San Ghjuvanni doit être réhabilitée. « Le recensement de 1956 indiquait encore une cinqquantaine d’habitants. Après la Première Guerre mondiale, beaucoup de hameaux comme celui-ci, où les conditions de vie étaient très dures, ont été abandonnées. » Aujourd’hui, la nature a repris ses droits, broussailles et ronces rendent son accès difficile.

Avec cette conférence, Jean-Baptiste Casanova souligne la nécessité de révéler au public l’importance historique de ce lieu, souvent méconnu : « Le village a tourné le dos à cette partie de son propre territoire qui en raconte beaucoup sur l’histoire de notre peuplement. »

Sous la houlette de Stéphane Orsini, animateur pour la Fagec (Fédération associations groupements études corses), les participants ont eu droit à une heure d’exposé, rythmée par le son des cloches. Ce dernier a plongé dans l’origine des premiers monuments chrétiens en Corse, avant de décrire l’originalité de cette piève, « un millefeuille historique », selon Jean-Baptiste Casanova, en raison des différentes strates d’occupation au fil des siècles.

Une rétrospective patrimoniale avant d’entamer une perspective archéologique. Avec Patrick Ferreira, animateur pour l’INRAP (Institut national de recherches archéologiques), l’auditoire assiste à la présentation de plusieurs projets de réhabilitation de chapelles et d’églisesréalisés par cet institut. Car au-delà d’une présentation, c’est une table ronde.

Élaborer un projet de rénovation

Après environ deux heures de présentation, c’est un échange qui s’est installé entre les habitants et les animateurs pour commencer à réfléchir à l’avenir de cette église. « Nous devons réfléchir des moyens concrets pour préserver et mettre en valeur ce patrimoine unique », lance Jean-Baptiste Casanova, ouvrant la voie à des discussions. Mais comme souvent dans les projets de village, c’est le foncier qui se révèle complexe. « L’église est sur un terrain privé. La première étape consiste donc à sécuriser ce foncier, que ce soit par l’achat ou la location, avant de pouvoir envisager toute étude préventive »explique l’animateur de l’INRAP.

Une tâche qui nécessite le travail de ces spécialistes en archéologie préventive pour évaluer le potentiel du site et planifier les interventions nécessaires, mais surtout l’implication des détenteurs de l’église. Pour une habitante, membre de la famille propriétaire, « la meilleure solution est d’envisager une Scop (Société coopérative de production) ou tout autre projet commun incluant à la fois la commune, les propriétaires et pourquoi pas la communauté de communes. Les propriétaires sont très attachésés à cette église et ont toujours participé à sa rénovation, cela permettra de travailler ensemble sur la réhabilitation, sans utiliser à des expropriations ».

Un projet que les concernés semblent confiants à réaliser, affaire à suivre…