La vie de l’église Saint-Martin de Serqueux, près de Forges-les-Eaux, n’est pas un long fleuve tranquille. Érigé en 1959 dans le centre-bourg à l’ombre de sa sœur détruite par les bombardements de la Seconde Guerre mondiale, l’édifice religieux ne cesse d’écrire son histoire tumultueuse. En 2015, abîmée par les affres du temps ou fragilisée par des matériaux peu adaptés diront certains, l’église ferme ses portes pour des raisons de sécurité. Une fermeture qui semblait temporaire pour les plus optimistes. Son clocher jugé dangereux disparaît du paysage avant de laisser la nef dans un profond silence.
La population a dit oui
Plus de mess dans l’église, les Sarcophagiens finissent par s’habituer à la voir endormie. Elle a été si souvent décriée par son architecture controversée. Que faire ? Le conseil municipal vote pour la désacralisation des lieux et demande l’avis à la population en novembre 2022. C’est un grand oui en faveur de sa démolition qui ressort des urnes. En décembre de cette même année, le maire Thomas Hermand, prend son bâton de pèlerin pour donner suite à l’avis de sa population.
Les services de l’État ont dit non
Il rencontre l’archevêque et « à la suite de cette entrevue fructueuse en février, nous recevons le décret d’exécration. L’église n’est donc plus une église pour le diocèse » explique Thomas Hermand. À cela, « il nous fallait encore l’approbation de la Préfecture. Approbation que nous n’avons pas eue à ce jour et que nous ne recevrons pas. En effet, selon les services de l’État lors d’une entrevue le 8 dernier, il convient de conserver cet édifice, » ajoute l’édile, dans un courrier remis à la population.
L’église a été classée
Durant la procédure, le conseil municipal a eu connaissance d’un label pour lequel l’église de Serqueux est classée architecture contemporaine remarquable. L’étiquette remet tout en question. La Région, la DRAC, l’observatoire des édifices cultuels et la fondation du patrimoine proposent la conservation du bâtiment. Sa rénovation pourrait être couplée à une création de maison médicale dans un autre lieu. L’actuel cabinet médical a élu domicile dans l’ancien presbytère accolé à l’église.
Les habitants partagés
« Attaché à la démocratie, j’ai eu des difficultés à concevoir cette proposition » écrit le maire. « La proposition mérite réflexion car ce projet serait financé par l’État et les porteurs de l’idée. » C’est un nouvel épisode qui surprend certains riverains, « On n’a plus de mess depuis longtemps, elle se dégrade de plus en plus. Et le coût de restauration est énorme. Est-ce nécessaire ? » s’interroge un badaud. « Même si ça ne coûte rien à la commune, ça remet en cause le cabinet médical » se demande une habitante. Pour d’autres finalement, savoir que ce lieu peut renaître est une bonne nouvelle. « Sa forme est originale. Elle fait partie de l’histoire et de Serqueux »
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